Aides techniques et confort de vie en Ehpad : trouver le bon équilibre
Les aides techniques sont un savant dosage entre amélioration des conditions de travail du soignant et confort de vie du patient. Reste à trouver le bon équilibre pour être efficace sans suréquiper les chambres.
Rails mobiles, casques de réalité virtuel, dispositif de verticalisation… : les innovations technologiques et techniques font leur entrée dans les chambres des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Les enjeux sont multiples : la lutte contre les fameux Troubles musculo-squelettiques (TMS), un gain de temps, le confort de vie des résidents etc. Un sujet essentiel à l’heure où la dureté du travail en Ehpad fait l’actualité.
Rails et réalité virtuelle
Le groupe Korian travaille par exemple de longue date sur le sujet et va prochainement lancer une évaluation d’un système de rails conçu pour faciliter le transfert des patients. « Des études ont déjà montré que ce dispositif aide les équipes, explique Aude Letty, Déléguée générale à la Fondation Korian pour le bien vieillir. Et d’abord sur le plan physique dans la mesure où les soignants n’ont plus à soulever les patients. Avec ce système, il n’est plus nécessaire de mobiliser plusieurs personnes pour effectuer ces tâches de transfert. C’est un gain de temps intéressant. »
Et le patient dans tout ça ? « L’avantage d’un tel dispositif amovible, c’est qu’il ne surmédicalise pas la chambre », précise Aude Letty. Autre piste suivie par le Groupe, la réalité virtuelle. Des casques stimulant les capacités réflexives en recréant temporairement un autre environnement sont en effet testés avec des résidents ayant des troubles cognitifs qui rendent plus difficiles certains actes : toilettes, soins douloureux etc. « La réalité virtuelle leur permet d’être plus apaisés, les soignants pouvant alors effectuer leurs soins dans de bonnes conditions », témoigne Aude Letty.
Aller vers le juste nécessaire
Également à l’étude, un dispositif de verticalisation. « Il est démontré qu’elle apporte un bon nombre de bénéfices comme le confort digestif et la mobilité des membres inférieurs, indique Aude Letty. Des outils permettant cette verticalisation sans effort ni pour le patient ni pour le soignant sont aujourd’hui développés. Nous nous y intéressons de près ».
Pour Vincent Boudaud, chef de produits chez Winncare, groupe spécialisé dans le matériel médical, il faut en finir avec le suréquipement des chambres. « Nous voyons bien que les soignants n’ont pas toujours le temps d’utiliser tous les équipements pourtant censés leur faciliter la vie. L’enjeu, c’est de concevoir le juste nécessaire. »
Systèmes d’aide à la mobilité et la digitalisation
Et le spécialiste d’évoquer les Systèmes d’aide à la mobilité (SAM), un programme qui mêle autonomie du patient et ergonomie pour le soignant. Exemple avec les barrières de lit : « Certains lits sont désormais conçus avec des barrières basses et préhensibles par le résident qui peut sortir facilement puis la remettre pour dormir. Elles permettent en outre aux soignants, qui utilisent parfois la barrière pour aider le patient à garder une position latérale au moment des soins, de travailler sans contraintes dorso-lombaires ».
Vincent Boudaud garde également un œil sur la digitalisation. « Ce sera l’étape d’après, estime-t-il. Aujourd’hui, nous savons presque tout mesurer grâce aux capteurs. Mais qui va exploiter ces données ? Quel sera le bénéfice pour les soignants et les patients ? » Un lit capable de détecter si le patient est dans son lit et s’il l’a quitté depuis longtemps est ainsi d’ores et déjà à l’étude.
Autant de solutions novatrices qui seront présentées aux salons GerontHandicapExpo et HôpitalExpo de la prochaine Paris Healthcare Week.