Attractivité des métiers en Ehpad : on sait quoi faire

Attractivité des métiers en Ehpad

Le turn-over et le manque de personnels qui affectent les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ne sont pas des fatalités. Leurs causes sont connues depuis longtemps et leur résolution passe avant tout par une volonté politique affirmée.

Commencer par travailler sur les fondamentaux

Poursuivre les efforts sur la rémunération mais surtout sur les effectifs

Pour Michel Laforcade, consultant, ancien Directeur d’ARS et ex-responsable de la Mission 2020 sur les métiers de l’autonomie, « il faut commencer par les fondamentaux, c’est-à-dire s’interroger sur ce qui est important pour les professionnels eux-mêmes. Et ce, qu’il s’agisse de leur donner envie d’intégrer ces métiers mais également de les fidéliser ». Car tout l’enjeu est en effet sur ces deux dimensions de l’attractivité et de la conservation des équipes.

À cet égard, les paramètres à activer sont connus. Tout d’abord, celui de la rémunération. Il est nécessaire de poursuivre les revalorisations salariales initiées lors du Ségur de la santé « car même si nous sommes désormais dans la moyenne des États de l’OCDE, nous sommes encore loin de certains pays », pointe Michel Laforcade. A la clef, néanmoins, des augmentations de salaire déjà actées et assez significatives de 10 à 20 % et plus de 2 milliards d’euros affectés au seul secteur des Ehpad.

« Certes, on a actionné le levier des rémunérations, analyse Benjamin Caniard, responsable du pôle Autonomie au sein de la FHF. Mais, aujourd’hui, pour beaucoup, l’essentiel est moins la question du salaire que celle du renforcement des effectifs. C’est d’ailleurs là la mesure prioritaire de la FHF sous la forme d’un plan de création de postes. Il est, en effet, indispensable d’activer cette piste dans la mesure où toutes les autres en dépendent. C’est le seul moyen de sortir du cercle vicieux dans lequel on se trouve actuellement. »

Pour assurer une qualité d’accompagnement correcte, la FHF estime le besoin à 100 000 postes d’ici la fin de la décennie, ce qui représente un coût de 5 milliards d’euros. Malheureusement, on est encore loin de cet objectif puisqu’à ce jour, la création de seulement 3 000 postes en 2023 a été annoncé par le Gouvernement. « Sur ce sujet, il est impératif d’entrer dans une démarche de programmation », insiste Benjamin Caniard.

« Redonner du temps au soin et à l’humain »

Les équipes doivent retrouver du sens à leur mission

Logiquement, « il importe d’augmenter les effectifs en formation, que ce soit en Ifsi, dans les écoles d’aides-soignants etc. Le temps où le nombre de candidats était systématiquement supérieur au nombre de places est révolu, rappelle Michel Laforcade. Pour cela, les établissements doivent avoir une attitude beaucoup plus proactive et changer complètement de registre en misant sur l’aller vers en direction des collèges et des lycées. » Il est également crucial de développer l’apprentissage, lequel est encore embryonnaire. « Cela permettra, d’une part, d’offrir une rémunération aux étudiants dès après l’obtention de leur bac et, d’autre part, de sélectionner les candidats en décelant dès le départ ceux qui ont les qualités requises », justifie Michel Laforcade.

Une chose est sûre, l’augmentation du ratio de personnels au regard du nombre de résidents fait l’unanimité tant elle est génératrice d’effets positifs : ne pas être en permanence dans l’urgence et pouvoir assumer ses missions comme il se doit au regard des exigences déontologiques en vigueur, préserver le relationnel avec les personnes âgées, avoir du temps et du recul sur sa pratique tout en échangeant sur le sujet avec ses collègues… « Redonner du temps au soin et à l’humain dans l’accompagnement fait sens. Tout comme se doter d’un socle de qualification plus important en établissement, y compris par le recrutement de professionnels experts », affirme Benjamin Caniard.

Le management doit également évoluer. Avec un enjeu central : que chacun trouve du sens à ce qu’il fait mais également se sente considéré, respecté et soutenu. Par exemple, en accordant de l’autonomie décisionnelle. Il s’agit de responsabiliser en déléguant, ne serait-ce que la gestion des plannings.

Travailler en profondeur sur la qualité de vie au travail

S’occuper du personnel pour mieux prendre en charge les résidents

Pour Michel Laforcade, il importe de « multiplier, au sein des établissements, les actions relatives à la qualité de vie au travail ». Cela signifie lutter contre la sinistralité très élevée dans les Ehpad, les accidents du travail et les maladies professionnelles. Les solutions pour ce faire ne manquent pas : éviter au maximum au personnel d’avoir à soulever les résidents (lire ci-après) ; proposer, durant le temps travail, des sessions agréables et constructives comme des ateliers, des activités physiques etc. ; inciter les salariés à suivre des formations adaptées (sur la bientraitance et autres) et financées par l’employeur pour valider des compétences et offrir de véritables perspectives de carrière etc.

Sans compter certains détails logistiques qui n’en sont pas et qui favorisent l’attractivité. La problématique de la mobilité des salariés pour se rendre sur leur lieu de travail n’est, en effet, pas anodine, en particulier en zone rurale. Tout comme le problème du logement doit être pris en compte en zone urbaine.

La prise de conscience est réelle et les efforts pour rendre les métiers du médico-social attractifs ont réellement débuté. Reste qu’il faut travailler sur l’image de ces métiers si l’on veut que les postes ouverts trouvent preneur dans un contexte de tension sur le marché du travail. SantExpo compte bien y contribuer ! Quant à Michel Laforcade, il plaide pour « une modification et une optimisation de l’image des métiers au sein des Ehpad. Et ce, via des campagnes de communication ciblées et pertinentes, notamment fondées sur des témoignages de professionnels. »


Les robots comme auxiliaires du personnel des Ehpad

La qualité de vie au travail est un axe important de la politique d’attractivité des métiers du secteur médico-social. La robotique a longtemps été une promesse. Elle est dorénavant une réalité, comme le montre la gamme des robots de Marconnet Robotique. Ainsi le robot James aide les personnes âgées à circuler en leur indiquant la direction à suivre tout en étant en capacité de diffuser des messages par intermittence (par exemple, ne pas oublier de se déshydrater lors des fortes chaleurs). Zora Nao, lui, est un robot thérapeutique destiné notamment à faire faire de la gymnastique douce et stimuler la mémoire. Lucky Bot, lui, aide à porter des plateaux-repas tandis que Adibot-S est un robot de désinfection qui tourne tout seul dans une pièce et évite ainsi d’avoir à tout frotter à la main. Autant de tâches que le personnel peut déléguer à la machine pour mieux se consacrer aux soins et aux relations avec les résidents.


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