Une offre médico-sociale plus que jamais hétérogène

Le maillage autant que la diversité statutaire et l’offre de service des Ehpad varient selon les régions, les départements. Avec, en toile de fond, la nécessité de faire encore plus et mieux dans un certain nombre de territoires.
De grandes disparités d’implantation
Des séniors poussés hors des cœurs de ville
En moyenne, l’offre en Ehpad, sur l’ensemble du territoire, est de 1 place pour 10 personnes de plus de 75 ans, soit un total de 595 982 lits à fin octobre 2021. Une donnée nationale qui permet d’étalonner les variations locales.
En effet, l’offre est très inégale en fonction des régions. En Île-de-France et en PACA, le taux d’équipement est inférieur ou égal à 8 places pour 100 personnes de plus de 75 ans. A contrario, en Bretagne ou dans les Pays de la Loire, il est supérieur à la moyenne nationale. Pareille disparité vaut tout autant pour les départements. Ainsi recense-t-on 4,15 places pour 100 personnes de plus de 75 ans à Paris (un ratio légèrement en baisse par rapport à 2020) contre 16,30 places pour 100 en Lozère.
Une analyse géographique fine de la localisation des Ehpad montre que sous la pression foncière, les séniors sont de plus en plus repoussés en dehors des cœurs de ville, notamment dans des zones péri-urbaines souvent mal desservies par les transports en commun. Ce qui ne favorise pas les visites des familles et renforce l’isolement des résidents. En outre, faute de s’inscrire dans une logique urbanistique globale, une telle implantation complique le développement de nouveaux modèles d’Ehpad faisant office de centres de soins et de services pour les personnes vulnérables qui résident à proximité.
Privé en ville, public à la campagne
Public, privé associatif, les statuts des Ehpad varient fortement selon le type de territoire
Sur les 7 353 Ehpad, 44,5 % sont des structures publiques, 31,5 % sont associatifs et 24 % privés. Dans les départements abritant une majorité de petites villes et de communes rurales, les Ehpad publics sont majoritaires et représentent plus de 68 % des structures présentes.
A l’inverse, dans les départements urbanisés (Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Val-d’Oise, Yvelines, Hauts-de-Seine, Var, Essonne, la Charente-Maritime…), les établissements privés représentent plus de 50 % des structures.
Les établissements associatifs sont, quant à eux, fortement implantés dans les départements de l’Est de la France, en Loire-Atlantique, en Aveyron ou encore, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Un prix de journée moyen sous les 80 €
Un tarif journalier fortement lié au statut de l’Ehpad et à la densité de l’offre
En France, le tarif journalier (hébergement + tarif Gir 5/6) moyen en chambre simple est de 72,77 € par jour, soit 2 183 € par mois. Soit une augmentation moyenne de 26 €/mois comparé à 2020.
Or, on observe de fortes variations en fonction des départements. Celles-ci s’expliquent en grande partie par le type de structures – publiques, commerciales ou associatives – qui y est dominant et par le ratio lits/personnes de plus de 75 ans.
A cet égard, le tarif moyen journalier (sur la base d’une chambre simple + Gir 5/6) est de 64 euros pour les Ehpad publics et de 96 euros pour les établissements privés. Sachant que les départements urbanisés présentent généralement une grille tarifaire plus élevée compte-tenu de la prépondérance du privé et d’un ratio plus faible.
Si, en Île-de-France, le tarif mensuel moyen est de 3 886,5 euros à Paris, de 3 448 euros dans les Hauts-de-Seine et de 2 997 euros dans les Yvelines, il n’est que de 1 800 euros dans le Cantal, la Haute-Saône et la Meuse.
Par ailleurs, on note une constante : plus le tarif hébergement journalier est faible, plus il tend à être compensé par un tarif GIR 5/6 élevé. Ainsi dans les Alpes-Maritimes où le tarif d’hébergement journalier de 86,89 euros et le Gir 5/6 moyen de 4,66 euros. Inversement, dans les Landes, le tarif d’hébergement moyen est de 58,73 euros tandis que le Gir 5/6 moyen s’élève à 6,74 euros.
Des obligations d’encadrement variables
Le dispositif d’infirmier de nuit, une denrée encore rare.
Dans l’Hexagone, le taux d’encadrement global (soit le nombre d’emplois directs en équivalent temps plein par rapport au nombre de résidents accueillis) moyen est de 62 équivalents temps plein pour 100 résidents. Il n’est pas le même selon le statut juridique des structures : il s’élève à 65 pour les Ehpad publics, à 59 pour les structures associatives et à 58 pour les Ehpad privés. En outre, à l’échelon national, seuls 16 % des Ehpad (20% dans le public et 10 % dans le privé ou le secteur associatif) ont mis en place un dispositif d’infirmier la nuit (présence ou astreinte).
L’HAD et la télémédecine au soutien de la médicalisation
La télémédecine commence à se développer dans les Ehpad
Si 79,5 % des Ehpad proposent de l’Hospitalisation à domicile (HAD), cette offre reste à développer dans certains départements comme le Tarn-et-Garonne, le Gers, les Hautes Alpes, le Gard, les Alpes-de-Haute-de Provence, le Bas-Rhin ou encore, le Doubs.
Pour ce qui est de la télémédecine, 27 % des Ehpad français en sont équipés, soit une augmentation de 4 points par rapport à 2020. A noter que dans les départements assez ruraux comme le Tarn, la Vienne, l’Aube, la Gironde, la Corrèze, le Gers, le Lot, la Creuse, la Charente, les Deux Sèvres, la Haute-Vienne, plus de 50 % des établissements ont franchi le pas.
L’accueil de jour, un répit pour les aidants
Une offre de répit qui reste à développer sur le plan national
Plus de 30 % des Ehpad dans la Meuse, du Territoire de Belfort, de Haute-Marne, des Landes, des Pyrénées-Orientales, du Jura, des Vosges, de Haute-Vienne, du Gard, de Meurthe-et-Moselle, de la Drôme, de la Somme, proposent un accueil de jour. Cette offre de répit est, en revanche, rare (dans – de 10% des Ehpad) en Haute-Saône, en Haute-Garonne, dans le Lot, dans le Lot-et-Garonne, à Paris, en Lozère, dans le Cantal, dans les Hautes-Alpes, dans l’Ain, dans le Puy de Dôme, en Indre-et-Loire ainsi que dans le Haut-Rhin.
Une prise en charge des patients Alzheimer loin des objectifs
Des structures d’accueil à développer sur tout le territoire
77 823 places (soit 13,6 % des places existantes en Ehpad) sont consacrées à la prise en charge des résidents souffrant de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée au sein d’Unités Alzheimer, de Pôles d’activités et de soins adaptés (Pasa) ou d’Unités d’hébergement renforcées (UHR). Avec, à la clef, des capacités d’accueil qui diffèrent sensiblement selon les départements, allant d’un ratio de 6,41 % dans les Côtes d’Armor à 18,66 % en Savoie. Le tout couplé à un autre paramètre : le fait que proportionnellement, les structures privées comptent un nombre plus important de résidents atteints d’Alzheimer.
Le Plan Alzheimer 2008-2012 avait prévu de généraliser la mise en place de Pasa et d’UHR dans les Ehpad. Or en 2021, seuls 23,5 % des établissements (1 721) disposaient d’un Pasa. En la matière, le Vaucluse, les Pyrénées-Orientales, les Alpes-de-Haute-Provence, les Bouches-du-Rhône figuraient dans le peloton de tête.
Le secteur des Ehpad doit répondre à de très fortes attentes sans pour autant en avoir toujours les moyens. Si les acteurs de la prise en charge de la perte d’autonomie sont mis en valeur à SantExpo, ils doivent se battre au quotidien sur de multiples fronts. La proposition de loi Bien vieillir, en débat au Parlement, doit apporter de nouvelles réponses. Mais au vu de l’évolution de la démographique et des statistiques sur les maladies chroniques, les enjeux restent gigantesques.
Sources :
Chiffres FHF et « Panorama 2021 des Ehpad en France », Uni santé